J'ouvre la porte, et entre en
interaction visuelle avec le conjoint. Il est en train d'éplucher
des carottes en vue de pourvoir la ration nutritive conclusive d'une
proportion suffisante de vitamines A, C, B6 et de potassium. Nous
entrons en mode opératoire « couple/retour/fin de journée ».
Il y a échange de répliques comportant satisfaction, attention et
curiosité, puis pratique d'une interaction buccale destinée à nous
assurer mutuellement de notre affection. Le conjoint a tendance à
ramasser les pelures de carottes avec la main gauche, ce qui me
renseigne immédiatement sur la dimension « émotionnelle/dépendante »
de son état d'esprit actuel. Comme je produis intérieurement
l'hypothèse que cet état d'esprit peut être dû à un problème
relatif à son activité rémunératrice quotidienne, j'opte pour une
question portant sur cette dernière, en tâchant toutefois de ne pas
susciter par la formulation de la question un décryptage trop
évident de mon sous-entendu ; je compte provoquer ainsi en lui
l'impression de pouvoir s'exprimer librement, ce qui est le gage d'un
échange apaisant réussi et efficace car le conjoint a tendance à
refuser la communication spontanée quand il se sent trop orienté.
Tout en échangeant avec moi sur le mode de la communication
spontanée à propos de sa journée d'activité rémunératrice, il
tranche les carottes avec le pouce gauche posé à droite du légume
(et non dessus) et le pouce droit posé le long du manche du couteau,
ce qui est suffisant pour m'apprendre que son conflit est en mode
« formulation/résolution » ; comme je sens
néanmoins en lui une réticence à la spontanéité totale, je
choisis d'introduire une gestuelle parallèle non brouillante,
destinée à l'informer de la latitude d'expression dont il dispose
sans pour autant lui donner l'impression que je me désintéresse de
ses propos, et j'ouvre une canette de Kornforth (la motivation de ce
choix relevant également du besoin d'hydratation ressenti après le
trajet de retour, d'une durée de 45 minutes environ). La gestuelle
parallèle non brouillante est opérationnelle, grâce à elle le
conjoint est en mesure de verbaliser clairement le conflit, à savoir
une incompatibilité apparente entre la durée aléatoire du trajet à
accomplir en transports en commun depuis notre domicile commun
jusqu'à son lieu d'activité rémunératrice d'une part, la faculté
d'occuper son quota de temps d'activité dans l'intervalle chronique
imparti d'autre part, incompatibilité qui lui a valu des réprimandes
de la part de son conseiller d'activité quotidienne. J'émets
l'hypothèse qu'un départ plus matinal de notre lieu d'habitation
aurait pour conséquence une maîtrise moins aléatoire de son heure
d'arrivée, quitte à raccourcir quelque peu notre ratio d'échange
verbal inaugural à vocation apaisante et dynamisante, perte aisément
compensable par l'échange de deux SMS à vocation similaire depuis
nos modes de transport respectifs. Il en convient. Une fois ce
conflit résolu, je passe à la suite, à savoir l'accomplissement
partagé des diverses tâches restantes en vue de l'élaboration de
la ration protéinique conclusive, destiné à provoquer chez le
conjoint des représentations mentales associées à « la
complicité », « la collaboration » ou
« l'égalité ». Il faut allumer l'appareil à vapeur,
placer les légumes épluchés dedans, attendre 8 minutes, tout en
poursuivant l'échange verbal spontané. Ce dernier porte sur un
prolongement inattendu de la résolution du conflit initial : le
conjoint a maintenant les mains jointes, le pouce droit sur le pouce
gauche, ce qui manifeste un passage en mode « rationalisation
et évaluation des conséquences » et occasionne la question
« Et si les transports fonctionnent bien, et si j'arrive en
avance, je fais quoi ? ». Je ne me laisse pas désarçonner
par la question, même si j'ai du mal à imaginer que le conjoint
puisse se trouver dépourvu d'activité sur les lieux-mêmes de son
travail, d'une part, et donc a fortiori que cela puisse
l'amener à une situation de dissonance, d'autre part (je sais que
cette difficulté de mon côté est due à une projection de mon
propre mode opératoire sur le sien, je décide donc d'actionner la
fonction empathique afin de mieux cerner l'origine de ce nouveau
conflit en lui, conflit qui, à titre de ramification sub-logique du
problème initial, doit pouvoir, si ma solution était satisfaisante,
se solutionner sur le même schéma, à savoir « nonA => B
=> A », à savoir « perte => gain => rattrapage
de la perte », à savoir « ce que tu perds en échange
dynamisant et positivant par ton départ plus matinal, tu peux le
rattraper grâce au gain de temps et à l'arrivée potentiellement
anticipée sur le lieu de travail en occupant ce temps de reste à
des activités elles-mêmes dynamisantes et positivantes – c'est
toujours délicat de procéder ainsi avec le conjoint, car il a une
propension à confondre ma démarche empathique avec la satisfaction
de sa pulsion « fusionnelle/inhibante », ce qui m'amène
entre autres à accompagner les usages de la première d'autant de
gestuelles parallèles non brouillantes, destinées alors à marquer
mon indépendance et mon autonomie affective vis-à-vis de son
conflit interne – en l'occurrence, je reprends une Kornforth). Je
choisis de procéder par « scénario intuitif », car je
perçois que l'analyse distanciée et rationnelle de la tension
risque de se révéler non productive, alors que l'élaboration d'une
fable à vocation cathartique peut lui permettre, par un jeu
d'identification spontanée, de mettre en scène le conflit et donc
de ne plus le subir, ce qui est tout de même l'objectif à assurer
en vue du déroulement apaisant et conciliateur de la soirée
(objectif à court terme) : « Et si tu en profitais alors
pour quelques minutes d'exercices respiratoires à fonction
relaxante ? ». Putain ! Il est trop tard pour corriger ma
bévue : j'ai utilisé la même tournure syntaxique que lui
(« Et si... »), ce qui risque d'alimenter son fantasme
« fusionnel/inhibant » ; je dois à la fois
continuer de manifester mon assurance sans rien laisser paraître du
léger trouble occasionné par la perception de cette bévue – ce
que j'arrive à faire sans souci en attrapant la canette de Kornforth
par la main droite tout en croisant la jambe droite sur la gauche –
et trouver une diversion afin qu'il ne focalise pas sur l'identité
des tournures syntaxiques : je me souviens alors qu'il est
possible à cet effet d'adopter la stratégie de « noyer le
poisson » en insistant sur la formulation maladroite
plutôt qu'en cherchant à la dissimuler ou à la faire oublier, ce
qui a en outre pour bénéfice de montrer à l'interlocuteur que l'on
est parfaitement à l'aise avec la formulation puisqu'on peut
justement la focaliser à loisir. J'enchaîne donc sur « Bah !
Avec des si on mettrait Paris en bouteille... », ce qui
n'est pas très créatif mais c'est la première chose qui me vient,
or je suis dans une situation d'urgence et n'ai pas le temps de
raffiner. Le bénéfice potentiel de cette phrase me semble
immédiatement mitigé : d'un côté, par le focus apporté à
la tournure syntaxique « Et si... », je noie
effectivement le poisson, mais de l'autre, j'inclus ma première
phrase, mais aussi la sienne, dans une globalisation (ce qui
n'apparaît pas statistiquement très satisfaisant quand il s'agit de
traiter un problème ponctuel émis d'un point de vue subjectif) et
une distance presque connotée d'ironie (ce qui est tout aussi
contre-productif dans le cadre du rapport intime à objectif
conciliant). Néanmoins, cela ne semble pas porter à conséquences
puisqu'il émet un sourire de Duchenne, ce qui montre qu'à défaut
d'avoir trouvé l'idée d'une mise en bouteille de Paris très drôle
en elle-même – cela m'étonnerait, connaissant ses appétences
humoristiques usuelles-, il apprécie l'intention de légèreté et
de détente qu'il me suppose avoir eue lorsque je l'utilisais. « Et
si je te disais que tu es irremplaçable ? » : par
ces mots, il achève sans le savoir de me rassurer, car tout est là :
jeu mimétique assumé pouvant déboucher sur la représentation
mentale de « complicité », promotion de la qualité de
la solution émise par l'autre et du coup de l'autre lui-même, aveu
(consenti sans réserve) de la résolution de la dissonance – je
dois juste être prudente, le risque que ce geste de dépôt des
armes puisse s'accompagner d'une déficience érectile de sa part
plus tard dans la soirée devient réel et me force à rééquilibrer
la donne d'ici environ une vingtaine de minutes, délai au-delà
duquel pourrait être entérinée la « situation proto-médicale
non fantasmatique ». Pour commencer, je lui propose une
Kornforth afin de rétablir une position d'égalité. Puis je soumets
à ses voeux le panel
d'options télévisuelles de la soirée, en présentant les choses de
telle manière qu'il croie « montrer qu'il décide en fonction de ce
qui fait plaisir à l'autre tout en choisissant réellement, au
contraire, en fonction de ses seuls goûts et appétences », le
conjoint entretenant parfois les potentialités de sa fonction
érectile avec le sentiment d'une dominance engendré par
l'impression de me manipuler sans mauvaise intention. Il opte,
j'obtempère, nous passons à table. La nutrition commence ;
comme la digestion s'avère d'autant meilleure et discrète que la
manducation s'accompagne de sensations gustatives agréables, nous
soignons généralement la préparation et l'accommodement des repas
pris au domicile commun. Ce soir, au menu, étouffée de blancs de
pintade au safran, légumes vapeur et boulgour. C'est suffisamment
bon pour donner envie de lactose et de fructose, du raisin au
roquefort ne saura ici décevoir. Il y a « anecdotes relatives
à la journée écoulée » et « franches rigolades »
(type 1 - « collègues » - et 4 - « superviseur
d'activité »), ainsi qu'une ébauche de « jeu verbal
érotique » de la part du conjoint (« Qu'est-ce que tu
mettrais pour l'exciter ? Ton tailleur noir ou ton chemisier
échancré ? ») que je nourris le temps qu'il faut pour
assurer la transition salé-sucré/salé. Il faudra bientôt changer
la cartouche de la carafe à hydratation. Après la consommation de
protéines et l'hydratation, nous nous asseyons sur le canapé pour
absorber la boisson chaude tranquillisante tout en regardant un
produit télévisuel destiné au divertissement. Nous sommes alors en
interaction tactile latérale, mais il est encore trop tôt pour
songer à la satisfaction du besoin sexuel car la boisson
tranquillisante n'est pas encore intégralement ingérée. Le
programme télévisuel choisi comporte la présence de 9 candidats
issus de diverses régions du territoire national, ils ont pour
objectif de séduire une boulangère picarde en vue d'une union
matrimoniale ; c'est manifestement le Marseillais qui est le mieux
placé à l'heure actuelle, il utilise avec beaucoup d'efficacité
les atouts procurés par l'accent du Sud et le bronzage obtenu sans
crèmes cosmétiques. Au bout de 25 minutes de programme,
l'interruption publicitaire donne lieu à la présence sur l'écran
d'un spot de 15 secondes assurant la promotion de la baguette
« Binette » à l'aide du slogan « La tradition dans
l'innovation », d'un spot de 20 secondes pour les préservatifs
« Sensibility » sans latex qui « se portent comme
si vous ne portiez rien », d'un spot de 17 secondes pour les
boissons chaudes tranquillisantes « Séréna » (« Parce
que la vie, c'est vous »). Le programme ludique reprend. Comme
la fenêtre est ouverte, on entend distinctement les voisins de
droite se livrer à la satisfaction du besoin sexuel ; ma boisson
chaude est presque terminée, mais la perception auditive des voisins
ne suffit pas à provoquer une excitation sexuelle suffisante pour
déclencher le mécanisme de désir pour le conjoint, je me les
représente donc en train de pratiquer une levrette, position qui
assure à la fois pour la femme les avantages d'une pénétration
profonde, et pour l'homme la satisfaction narcissique de sa pulsion
de dominance. Le fantasme est efficace, je suis sexuellement excitée
et entre en interaction tactile manuelle avec le torse du conjoint.
Sa fonction érectile est suffisamment opérationnelle pour être
activée par le seul effleurement de ses aréoles ; la manipulation
est efficace, le conjoint bande et nous allons nous doucher l'un
après l'autre après avoir visionné la fin du programme ludique et
rincé les tasses à boisson chaude. Ultérieurement, la durée du
rapport et le modus operandi
du conjoint me procurent un orgasme assez satisfaisant pour envisager
de s'en tenir là, car une deuxième jouissance ne serait pas sans
effet sur la teneur de la productivité matinale. Après le
nécessaire moment d'accompagnement de la descente post-orgasmatique,
constitué de confidences et de rires grâce auxquels chacun s'assure
de la satisfaction de l'autre et qui permet la transition de
l'excitation à l'apaisement, nous convenons contractuellement qu'il
est l'heure de dormir. « Bonne nuit, mon amour. »
19.11.12
17.11.10
c'est absolument clair précis palpable défini ciselé ce ne sont pas que des souvenirs c'est pire que cela tu/sais quand tu lui a pris les mains pour la première fois tu/sais quand vous avez plaisanté sur on sait comment ça finit tu / sais quand la bonne humeur accompagnait le désir tu / sais quand les éclats de rire le sourire enfantin les yeux en bille se succédaient tu / sais quand elle a dit tu en connais beaucoup des amis qui s'embrassent comme ça tu / sais quand vous vous êtes serrés extrêmement fort tu / sais quand elle a dit je ne pourrai jamais dormir la tête aussi haute tu / sais quand elle est venue sur toi en disant drôle de position pour un massage tu / sais quand tu es venu en elle pour la première fois tu / sais quand tu lui as dit 2 ans j'ai peut-être oublié et qu'elle a dit comme ça tu verras si tu sais encore tu / sais quand tu as caressé sa poitrine pour la première fois tu / sais quand tu as joui si fort avec elle et que vous avez refait l'amour pendant des heures sans que tu ailles jusqu'au bout tellement plein de sa jouissance à elle tu / sais quand elle a dit oh qu'est-ce que c'est bon tu / sais quand elle a dit c'est vraiment très agréable tes caresses trottingust tu / sais quand tu cassais le rythme et qu'elle en frémissait tu / sais quand elle a dit il va pourtant bien falloir que tu y ailles tu / sais quand tu as raconté l'histoire de la teinturerie pendant deux plombes pour l'endormir et que vous avez ri encore longtemps et qu'elle t'a dit ne me raconte plus jamais d'histoire et que vous avez encore ri tu / sais quand elle a dit eh bien à la prochaine tu / sais quand il y a eu les bon... tu / sais quand tu embrassais son ventre interminablement comme si tu voulais fondre ton visage en elle tu / sais comment elle avait adoré ça tu / sais quand tu as dit j'ai hâte d'embrasser "cet" endroit tu / sais que tu ne le feras probablement jamais tu / sais que tu l'appelles pour toi même virgule qui est une toute petite parenthèse tu / sais qu'elle porte le prénom du bigouane féminisé et que tu le prononces 50 fois dans la journée tu / sais que les baisers volés les étreintes tendres ne font qu'aggraver les choses tu / sais que tes mains tremblent depuis le jeudi maudit et que ce n'est pas que le café et l'alcool tu / sais que tu ne dors plus que très peu tu / sais que 110 et 116 à la noire dans les rapides de la si mineur tu / sais que tu n'aimais pas son parfum au début et que depuis le jeudi maudit il te revient ou te reste partout même sur la feuille où tu écris ces lignes dans ce carnet utilisé pour faire semblant de prendre des notes à cette réunion où tu étais assis à côté d'elle tu / sais que parfois elle aime prendre son temps pour jouir fort et parfois non tu / sais quand elle a dit je ne t'ai pas mis dans mes indésirables tu / sais que tu passes ton temps à nettoyer tes lunettes tu / sais que le coup des indésirables vous a fait rire ensemble après coup tu / sais quand tu as dit les amis amoureux se tiennent-ils la main dans la rue tu / sais que mathématiquement il est impossible que tu vives cela avec quelqu'un d'autre tu / sais que tu comprends mais refuses le fait qu'il faille arrêter au motif que c'est si intense tu / sais que ta main gauche te fait mal à force de t'appuyer sur la canne et que si la basse s'interrompt c'en est fini tu / sais que tu bats des records de brièveté 15 jours avec virgule vue deux fois et 4 heures avec musette vue un soir tu / sais que tu devrais avoir plus souvent peur comme elles tu / sais que le verre d'eau qu'on vient de te servir ressemble au verre que tu emplis de whisky régulièrement depuis une semaine tu / sais sais qu'à ton âge, il faut peut-être commencer à se cuirasser tu / sais aussi que tu n'as pas envie de t'interdire notamment t'interdire d'éprouver tu / sais quand elle a dit je prends un dessert pour adoucir la fin de ce repas et que tu as fondu comme la glace qu'elle aurait pu prendre tu / sais que l'autre jour tu as dormi toute la journée alors que vous deviez vous voir pour travailler vers 14h00 tu / sais qu'on t'a dit c'est probablement la première fois que tu aimes tu appelles ça amitié amoureuse parce que c'est très différent de ce que tu as vécu, désir, passions, manque affectif, jusque là et que tu / sais que cela te trouble et te questionne
16.10.10
quoi de neuf la vie mais sinon ? voilà horrifié tu ne te reconnais qu'à peine dans ce que tu as écrit ici menteur/vrai c'était ailleurs mais posté ici on s'en/moque alors la vie tu en fais quoi maintenant là des hésitations et des respirations, euuuuh et aiiiir ta première virgule depuis combien de temps va/savoir la parenthèse sans fin toujours en chantier...
20.5.09
1950-1975
Quand on travaille chez les gens, on est souvent amené à composer des codes.
Certains n'offrent aucune signification particulière.
D'autres s'accompagnent d'une mnémotechnie plus ou moins commune : "1375, car le premier appartement que j'ai occupé à Paris se situait dans le 13ème arrondissement", "A320, car j'ai toujours aimé les avions", "1515, ça, tout le monde connaît", "118218, à cause de la pub",...
Il y a, à l'entrée d'un immeuble cossu dans un des quartiers les plus chers de Paris, un digicode pour ouvrir la porte principale donnant sur la rue, et un second digicode qui protège l'accès à l'escalier. Deux codes différents, on n'est jamais trop prudent. Deux nombres de quatre chiffres, 1950 et 1975.
Évidemment, on pense à des dates, des repères de début et de fin, comme 1939-1945 si l'on aime les guerres mondiales, ou 1981-1995 si le souvenir des années Mitterrand inspire quelque nostalgie.
Aucun livre d'histoire n'attribue à ces deux nombres, 1950 et 1975, la fonction de bornes temporelles à nul événement.
Peut-être s'agit-il de dates déterminantes dans la vie d'un personnage illustre, ou bien deux moments déterminants dans la vie du concierge qui a choisi ces codes.
Le concierge est très vieux, il sent la vieille soupe et attend la mort en renouvelant tous les deux ans les codes d'accès à l'immeuble ; c'est sa fille qui, chaque semaine, vient astiquer les boules en bronze des montants de l'escalier et passer un coup de serpillère dans la cage d'ascenseur. Une société de nettoyage assure l'entretien de la moquette rouge qui couvre les parties communes. Le facteur dépose, le matin, le tas de courrier chez le concierge, qui s'occupe en le redistribuant dans les boîtes. Il y a aussi les poubelles à sortir et à rentrer, ce n'est plus trop de son âge, mais bon, "les gens ne jettent pas beaucoup par ici".
Le concierge n'a rien contre un brin de causette, les après-midi sont interminables, une fois la tâche du courrier accomplie. Il y a même du café au chaud sur une plaque électrique, si on a cinq minutes.
Il a étudié la plastique orthodentaire, qui consiste à faire des moulages de dentitions en vue d'en diagnostiquer les malformations - "à l'époque, on n'avait pas la radio, à part la TSF", dit-il en riant de cette bonne astuce. Mais il a finalement travaillé dans la banque, guichetier pour commencer, puis quelques années dans les bureaux, "on prend du galon quand on a une porte qui se ferme", et puis un peu de comptabilité "histoire de pas rouiller le méninge" et d'arrondir les fins de mois. "Conseiller financier, on dirait aujourd'hui".
Un mariage, très tôt, à 19 ans, trois ans après la fin de la Guerre. Un enfant, deux ans plus tard. "Encore un peu de café ?"
Un pavillon en banlieue, "tout en meulière... Vous aimez la meulière ?". Une vie simple, comme on dit, avec son lot de turpitudes et de mesquineries, "bon an mal an, on s'en est tirés, Jeanne et moi".
Jeanne est partie il y a dix ans, un cancer foudroyant, le foie, "elle qui ne buvait jamais d'alcool". Mais bon, "il y a un âge où on peut partir sans que ça fasse désordre, même si c'est dur pour ceux qui restent, on peut quand même l'accepter, non ? 71 ans...". A sa mort, il a vendu le pavillon, cherché autre chose dans Paris, rencontré des gens qui des gens que, et de fil en aiguille en est venu à arrondir sa retraite en exerçant les fonctions de concierge, habitant la loge tout de même assez spacieuse aux odeurs de soupe et de poivre sec.
La fille s'appelait Marthe. C'est elle qui est décédée en 1975. "Là, par contre, c'est vraiment injuste, on part pas comme ça à 25 ans quand on est enceinte, non ça c'est pas dans l'ordre des choses".
"Vous savez, y en a beaucoup qui font ça, dans le métier. Tiens, au numéro 80 de l'avenue, c'est 4651, pour 1946-1951, le p'tit chien de madame, mort écrasé par un poids lourd ; au 18 de l'avenue de Suffren, 1953-2008, bon c'est récent comme deuil ; à Marcadet, 99A01, c'est les dates de la chimio de la femme du pipelet, pas mal hein ? de 1999 à 2001 ! Et encore, le plus drôle, enfin je trouve : 1959-2010, là, le concierge a un mélanome, il se donne encore un an..." Il s'étrangle de rire en avalant son café.
Mais tout de même, ça ne vous fait rien de taper cinq ou dix fois par jour ce code... ces dates... ?
"Ben non, couillon ! Moi j'utilise un truc... enfin, un truc magnétique... enfin, une sorte de clé, quoi !"
Certains n'offrent aucune signification particulière.
D'autres s'accompagnent d'une mnémotechnie plus ou moins commune : "1375, car le premier appartement que j'ai occupé à Paris se situait dans le 13ème arrondissement", "A320, car j'ai toujours aimé les avions", "1515, ça, tout le monde connaît", "118218, à cause de la pub",...
Il y a, à l'entrée d'un immeuble cossu dans un des quartiers les plus chers de Paris, un digicode pour ouvrir la porte principale donnant sur la rue, et un second digicode qui protège l'accès à l'escalier. Deux codes différents, on n'est jamais trop prudent. Deux nombres de quatre chiffres, 1950 et 1975.
Évidemment, on pense à des dates, des repères de début et de fin, comme 1939-1945 si l'on aime les guerres mondiales, ou 1981-1995 si le souvenir des années Mitterrand inspire quelque nostalgie.
Aucun livre d'histoire n'attribue à ces deux nombres, 1950 et 1975, la fonction de bornes temporelles à nul événement.
Peut-être s'agit-il de dates déterminantes dans la vie d'un personnage illustre, ou bien deux moments déterminants dans la vie du concierge qui a choisi ces codes.
Le concierge est très vieux, il sent la vieille soupe et attend la mort en renouvelant tous les deux ans les codes d'accès à l'immeuble ; c'est sa fille qui, chaque semaine, vient astiquer les boules en bronze des montants de l'escalier et passer un coup de serpillère dans la cage d'ascenseur. Une société de nettoyage assure l'entretien de la moquette rouge qui couvre les parties communes. Le facteur dépose, le matin, le tas de courrier chez le concierge, qui s'occupe en le redistribuant dans les boîtes. Il y a aussi les poubelles à sortir et à rentrer, ce n'est plus trop de son âge, mais bon, "les gens ne jettent pas beaucoup par ici".
Le concierge n'a rien contre un brin de causette, les après-midi sont interminables, une fois la tâche du courrier accomplie. Il y a même du café au chaud sur une plaque électrique, si on a cinq minutes.
Il a étudié la plastique orthodentaire, qui consiste à faire des moulages de dentitions en vue d'en diagnostiquer les malformations - "à l'époque, on n'avait pas la radio, à part la TSF", dit-il en riant de cette bonne astuce. Mais il a finalement travaillé dans la banque, guichetier pour commencer, puis quelques années dans les bureaux, "on prend du galon quand on a une porte qui se ferme", et puis un peu de comptabilité "histoire de pas rouiller le méninge" et d'arrondir les fins de mois. "Conseiller financier, on dirait aujourd'hui".
Un mariage, très tôt, à 19 ans, trois ans après la fin de la Guerre. Un enfant, deux ans plus tard. "Encore un peu de café ?"
Un pavillon en banlieue, "tout en meulière... Vous aimez la meulière ?". Une vie simple, comme on dit, avec son lot de turpitudes et de mesquineries, "bon an mal an, on s'en est tirés, Jeanne et moi".
Jeanne est partie il y a dix ans, un cancer foudroyant, le foie, "elle qui ne buvait jamais d'alcool". Mais bon, "il y a un âge où on peut partir sans que ça fasse désordre, même si c'est dur pour ceux qui restent, on peut quand même l'accepter, non ? 71 ans...". A sa mort, il a vendu le pavillon, cherché autre chose dans Paris, rencontré des gens qui des gens que, et de fil en aiguille en est venu à arrondir sa retraite en exerçant les fonctions de concierge, habitant la loge tout de même assez spacieuse aux odeurs de soupe et de poivre sec.
La fille s'appelait Marthe. C'est elle qui est décédée en 1975. "Là, par contre, c'est vraiment injuste, on part pas comme ça à 25 ans quand on est enceinte, non ça c'est pas dans l'ordre des choses".
"Vous savez, y en a beaucoup qui font ça, dans le métier. Tiens, au numéro 80 de l'avenue, c'est 4651, pour 1946-1951, le p'tit chien de madame, mort écrasé par un poids lourd ; au 18 de l'avenue de Suffren, 1953-2008, bon c'est récent comme deuil ; à Marcadet, 99A01, c'est les dates de la chimio de la femme du pipelet, pas mal hein ? de 1999 à 2001 ! Et encore, le plus drôle, enfin je trouve : 1959-2010, là, le concierge a un mélanome, il se donne encore un an..." Il s'étrangle de rire en avalant son café.
Mais tout de même, ça ne vous fait rien de taper cinq ou dix fois par jour ce code... ces dates... ?
"Ben non, couillon ! Moi j'utilise un truc... enfin, un truc magnétique... enfin, une sorte de clé, quoi !"
6.5.09
autolyse # 2
l'accumulation des allers et des retours te donne envie du grand aller simple
déjà que ce n'est pas simple d'aller sans se retourner
en plus il faut revenir...
la fleur d'hiver est réapparue au détour d'une conversation sur l'été dernier
savoir où tu es pour décider si tu peux lui revenir
jusqu'où tu peux t'en retourner
ou bien alors continuer d'avancer et voir si tu la recroises
damnées parallèles !...
miracle réclamé : que les séquentes deviennent sécantes
il paraît que ma tête lui revient toujours
redevenir vecteur
les stations de métro près desquelles tu dors depuis un mois
commencent presque toutes par la lettre P
pyrénées, pernety, porte de...
ce n'est pas plus un signe qu'un hasard
p comme pont, p comme profil, p comme pèlerin
comme poisse, aussi
la poisse, c'est que ça poisse
ça colle, ça englue, ça empêche de vectoriser
tu ne désires plus guère que ce retour
qui te dédouanerait d'avoir à revenir
tu partirais alors vers le lieu que tu n'as jamais vraiment habité
où la fleur d'hiver te recevait
t'y recevrait-elle encore, ou bien serait-ce désormais chez vous ?
revenir chez vous sans repasser par chez toi qui est devenu chez eux
le chez eux des tiens
d'habiter chez les autres crée une dynamique circulaire
c'est peut-être la pire de toutes
tourner en rond entre quatre P
purgatoire-paradis-provenance-perdition
vraiment ? ça se terminera comme ça ?
petite pompe à jus
mon petit tourne-nerf
ma machine à vider
à emplir de tes riens
mes langueurs d'outre-terre
à casser mes longueurs
de voyeur souterrain
et mes lévitations
de rongeur de vieux frein
ma pomme qu'a chuté
pas trop loin du pommier
prune qui pousse papa
à forcer sur l'noyeau
ma noisette dorée
ma cerise à l'eau-d'vie
mon pigment d'abricot
mon doux raisin amer
mon pépin à Bordeaux
mon mangeur de consonnes
mon racleur de labiales
mon suceur de mille mots
aux gutturales rouleuses
dévastateur tantale
à voyelle interdite
qui rend la langue heureuse
d'être si mal tombée
de ta bouche mâcheuse
vieux frère détrempé
sous la hutte des draps
tu finiras un jour
par me croquer tout cru
tu goûteras papa
des pieds jusqu'à la tête
et ta maman émue
ira pleurer de l'eau
sur mon rire moussu
(1996, peu après la naissance du Bigouane)
15.4.09
face à une île sur la seine/ah voilà ça fait tout de même plus chic qu'un troquet à gare du nord ou un débarras à filles du calvaire je séjourne dans une ville tellement riche que nul cyber-restobouiboui n'y a ouvert puisque tous les habitants possèdent un ordinateur et une connexion et que de toute façon les cyber-brassfood attirent les jeunes les pauvres les jeunes pauvres les pauvres jeunes et aussi des arabes susceptibles d'être les quatre à la fois alors non pas de cyber-kebab mais des wifi au café leffe pour ceux qui ont en plus un netbook à trois cent euros net bien sûr et qui sont peut-être arabes mais surtout riches au moins middle-class à mille six cent euros mensuels net bien sûr genre mon salaire ? combien je gagne ? juste assez pour me connecter où je veux n'importe où c'est un salaire-net un cyber-revenu un e-molument de l@rgent comptant sonnant trébuchant en fait dans cette ville riche face à une île sur la seine il est à croire que les gens tr@v@illent pour pouvoir se brancher sur le ouèbe à volonté urbi et orbi mais passons sur cette île face à la ville riche il y a la datcha tourgueniev ainsi nommée parce que tolstoï non je blague il y a aussi l'île aux impressionistes ainsi nommée parce que dürer non je blague il y a un golf très cher sur une autre île où le zouze et moi échouâmes en nous promenant dans un morceau de forêt jouxtant ledit golf où nous rencontrâmes les restes d'une vieille salle de bain sous la forme de carreaux de faïence fracassés et la demeure d'un homme gagnant nettement moins qu'un s@l@ire autant dire une cabane en bois tôle plastique et sac de couchage mais avec un espace de lecture constitué d'un vieux carton retourné et d'une pièce de molière en édition scolaire le misanthrope ? oui je crois.et des notes marginales elles aussi écrites en alphabet cyrilique serbe ou russe je ne sais pas/nous habitions cette ville riche face aux îles un peu comme des amazoniens habitent la forêt un rond-point en ces jours pouvait devenir lieu de giration infinie autour d'un autel païen et tout ça sans rien fumer du moins au début les bords de la seine accueillaient nos hurlements nocturnes nos tentatives de cerf-volant nos déambulations précautionneuses envers le moindre détail celui où niche le diable c'est là qu'avec le bigouane qui était encore un liteulouane tu as fait le tour de tous les restaurants et brasseries non encore cyber en ces jours dans la nuit de la saint sylvestre mais bien plus tard que minuit en criant bonne année après avoir débarassé les jeux de plein air d'un square pour gamins de la couche de neige qui les recouvrait en vue d'une bonne séance de balancelle vers trois heures du matin ? oui et après ça on va prétendre devant le juge aux affaires familiales que je suis je cite totalement incapable de m'occuper des enfants/avec le zouze c'était partout la forêt amazonienne des bords de seine à noirmoutier du neuf-trois à la creuse comme si on ne savait jamais comment s'orienter et qu'il faille à chaque fois inventer se frayer un chemin parmi les lianes épaisses et opaques que sont les panneaux directionnels/sinon tes cheveux poussent oui car ayant lu que le poil constitue un signe ostentatoire d'anti-sarkozysme j'ai jugé pertinent de me détondre un peu mais revenons au zouze face à l'île sur la seine oui pourquoi pas il y avait aussi la foire aux jambons et à la brocante mais nous n'y mîmes jamais les pieds/et tu as repris ta cane ? oui car les étages les sacs à dos les valises tout ça tu souffres ? juste ce qu'il faut pour pimenter l'action mais revenons à la foire aux jambons et à la brocante le zouze pouvait être d'une invraisemblable beauté tu as gardé la photo au sourire-éclair ? oui au fond d'un carton celui avec les collages réalisés par le bigouane partitions et résines teintées en bistre cette photo où le zouze a l'air d'un clown d'un fruit épanoui d'une ronde de lutins d'une ingénieuse d'une sanguine il y a eu robert doisneau il y a désormais photomaton de toute façon c'est toujours la faute à quelqu'un alors pourquoi pas au maton ça fait longtemps que tu la prépares celle-là ? plus très loin de quinze ans ah ouais ça troue le cul de compter les ans enfin je peux l'avouer tout a été de ma faute arrête tu te fais du mal tu vas encore devoir recourir à ta cane à la lamaline la canamaton ? mouais plutôt la cane et l'honni/bon bien bref je vois qu'on est parti pour se calembourer la gueule mais le bruit gras des péniches sur la seine le long des îles face à la ville riche mérite de taire les mots deux secondes//voilà.sinon ça va ? ça ira à la lent-terne
alors ça y est tu as recommencé à arpenter ? oui et j'ai vu inland/tu mesures en pas la rue barbe la rue gueuse la rue fian la rue elle la rue gissante la rue pestre la rue stine la rue tilante la rue ralité la rue minant la rue neceltique la rue zérenard la rue ade la rue béole la rue sophone la rue tabaga la rue spice ? oui et j'ai vu inland/tu considères que finalement renouer avec la rue te ramène à un certain point de départ d'il y a quinze ans ? oui et j'ai vu inland/tu trouves des solution provisoires à l'hyperkhératose ? oui et j'ai vu inland/tu es submergé et envahi par la douceur de tes amis ? oui et j'ai vu inland/tu passes de tendres moments de joie avec les fées et les omnibus ? oui et j'ai vu inland/mais c'est quoi inland à la fin ? à la fin elle part il reste sinon c'est un film une très belle histoire d'arpentage et de territoires j'y consacrerais bien un post conseil-beauté mais il faudrait que je le revois pour faire une synthèse/pendant la séance S soupirait profondément et moi je mentalisais [comme elle dit] sur deleuze comme quoi on ne se refera ni l'une ni l'autre dieu fasse en tout cas que je ne la refasse jamais et aujourd'hui j'ai vu dieu enfin sainte rita rue françois bonvin rita qui patronne les causes perdues non ? si dans cette église où l'on baptise et bénit à tour de bras les animaux domestiques une fois l'an sans parler de ce que j'y ai entendu car il n'est point louable de moquer ou de blâmer en ce jour de pâques qui bien au contraire nous incite à la charité et à la compassion compassé et carneux je suis et le resterai jusques à minuit sonnante après quoi nul ne sait ce que nous réserve le lundi car pierre qui roule n'amasse pas mousse/pourquoi ? parce qu'au matin de la résurrection ils poussèrent et firent rouler la pierre qui fermait le tombeau et ne virent que le suaire vide roulé en boule comme un drap sale ça on peut dire que djisusse craïste n'était pas un adepte du lit en portefeuille de même que/la pierre immobile peut se voir au prix d'un peu de patience recouverte de mousse après quelques années de végétation de même nautre soveur le fisse2dieux ne jugea point opportun de prendre racine dans la grotte tombale et décampa fissa fissa sans se faire mousser après quelques heures passées aux enfers histoire de faire bisquer les damnés sais-tu que le même mot grec désigne la vierge et le tombeau ? à vérifier mais dans ce cas à lui aussi pâques a dû rappeler le retour à un point de départ attends.là ne serais-tu pas en train de sous-entendre que tu te prendrais des fois pour djisusse ? mais non rassure-toi et va en paix mon fils mon frère ne crains pas lève-toi et marche/dans l'espérance car il est écrit que le verbe étant le fils unique n'admet nul doublon car dieu n'a qu'une parole au moins ça nous change/mais sinon ça va oui sauf que mais bon ça va passer as-tu une chose une seule une unique chose intéressante à dire sur la résurrection ? alors attends je rassemble mes souvenirs épars th d'aq écrit que les corps se reconstitueront en réagrégeant leurs particules éparses oui mais la résurrection de craïste pas celle des corps lors du jugement à venir ah oui alors th d'aq se demande quelque part si djise est descendu aux enfers avec son corps ou simplement en tant qu'entité potentielle ou bien réelle mais présente par ses seuls effets divine et humaine à la fois et si oui comment et ? eh bien dante quant à lui a une image très drôle pour décrire le gars djisusse aux enfers genre la croix et la bannière du coup on est amené à se demander à quoi peut bien ressembler une âme celle de djise présente aux enfers par ses seuls effets mais portant bannière et croix et ? et si craïste est descendu aux enfers avec son corps il devient préfiguration de dante lui-même qui lui-même est descendu lui-même mais c'est une fiction la divine comédie/certes mais ça renouvelle le schéma prophétie-précursion-annonciation type isaïe-salomon-baptiste et pose autant la question de la valeur de réalité de l'évangile et ou grâce à son commentaire théologique virgule que celle de la poésie comme devenir réel de celui qui écrit à travers ce qu'il écrit tu veux dire que dante a écrit la comédie juste pour se forger un corps réel en enfer ? pas seulement juste mais aussi et pas seulement en enfer mais aussi au purgatoire et en paradis parce qu'au fond ce qui coince ce n'est ni d'avoir un corps ni d'être un corps mais préalablement de se faire un corps ou de se réengendrer si on veut même si l'image est inadéquate/et donc la mort et la résurrection comme re-naissance puisque vierge et tombeau c'est kif kif je n'aime pas non plus.le mot re-naissance mais faute de mieux on va prendre ça/descartes s'appelait re-né il n'est pas le seul mais ce re-né là a écrit les méditations métaphysiques où comme par un heureux hasard il en vient à [se] [re-]prouver qu'il a un corps et que les corps qui l'entourent ne sont point les fruits de quelque illusion j'aime bien ce mot fruit comme le fruit de tes entrailles fructus ventris tuis la mère est avant tout mère de toutes les illusions la première de celles-ci étant pour le fils de croire avoir reçu un corps de sa mère et avoir un corps réel consiste à se le repenser ou redire ou refaire la poésie et la métaphysique constituant pour cela un moyen assez sûr quoique demandant énormément d'otium.ce dont auquel on peut adjoindre comme corolaire ceci tant que notre corps reste l'illusion de la mère d'avoir un pénis on n'a pas de corps réel ? moui moui moui par exemple c'est pas mal synthétisé n'importe quel autiste [ne] te le dira [pas].voilà tu es tout guilleret tu as manipulé du concept et fait gigotouiller tes méninges et agité le bout de tes doigts autour d'un stylo puis sur un clavier noir peu maniable dans un cyber-bouchon c'est la fête c'est pâques bientôt minuit cela va faire cinq jours que tu n'as pas vu le liteulouane et le mideulouane quant au bigouane ça fait pile sept jours et tu ne les reverras tous les trois que dans six jours et djisusse craïste est ressucité au matin du troisième jour loin des petits coeurs je compte les heures loin des amours je compte les jours loin de ta haine j'enquille les semaines loin de tes bras j'enfile les mois loin de tes dents j'aligne les ans/ce logodiary s'est révélé d'un bout à l'autre d'un effroyable indécrottable romantisme c'est toi.qui le dis
6.4.09
en fait momentanément parfois très ponctuellement tu n’aurais pas des fois l’impression de parler de choses que tu n’as pas ? si souvent mais aussi il y a des choses que j’ai et dont je ne parle pas ah bon par exemple des amis j’ai des amis et je n’en parle pas tes amis sont des choses ? oui choses comme res comme rien je t’ai expliqué l’autre soir/bien parle-nous de tes amis alors mes amis sont riches ils sont beaux ils sentent le sable et les parfums coûteux ils affichent une élégance raffinée la parole est miel dans leur bouche on se retourne sur leur passage leurs démarche s’accompagne d’un sillon de poudre dorée à leurs gestes souples et assurés on reconnaît en eux la véritable aristocratie celle de la pensée noble et de la morale altière.bon sérieusement mais je suis sérieux alors traduis/mes amis sont des gens avec qui j’ai quelque chose à faire c’est tout et c’est un trésor.explique mes amis ne me servent pas de miroir à alouettes du genre que je me sens beau d’avoir un si bel ami mes amis ne me servent pas de compensatoire à une vie familiale ou intime déprimante mes amis ne sont pas des substituts de frères ou de sœurs mes amis ne me servent pas à louer un gîte pour les ouacances mes amis ne me servent pas à ne pas prendre le café ou l’apéro tout seul mes amis ne me procurent pas l’escorte nécessaire pour aller au théâtre ou au cinéma ou au restaurant parce que tout seul ça fait vraiment trop bizarre mes amis sont des gens avec qui je fais avec qui j’ai à faire à travailler à construire à polir mes amis sont des camarades et des compagnons cum + panis celui avec qui partager le pain qui est le salaire de la sueur avec mes amis on ne se dévisage pas on ne regarde pas non plus dans la même direction on ne se donne pas des conseils on a les mains dans le cambouis et on est trop occupés les uns en compagnie des autres pour avoir le temps de nous scruter de nous admirer de nous jalouser de nous vouloir du mal.ouais en même temps tu dis ça en même temps tes amis sont en train de te sauver la vie c’est ce que je dis depuis dix minutes otium cum amicis c’est-à-dire travail commun sans autre souci que le travail et le commun mes amis sont donc tout sauf des collègues travailler plus pour aimer plus en quelque sorte/c’est le seul moyen de traverser le moment mais ce n’est pas un moyen c’est un fait mes amis sont.ok j’ai compris est-ce que je suis ton ami ? continue de travailler avec moi et on verra continue d’être persévère dans l’être travaille avec moi à être/tu aimes la théorie épicurienne de l’amitié oui énormément en gros c’est quand on n’en a pas besoin qu’on peut avoir des amis ces amis qu’on reconnaît dans le besoin ? oui c’est logique c’est parce qu’on n’a pas besoin d’eux qu’ils peuvent se faire reconnaître quand on est dans le besoin mouais mouais mouais attends je vais chercher le doliprane bonne idée apportes-en pour moi aussi j’ai la tête farcie de citations d’instances d’ordonnances de requêtes de recours d’arrêts de conciliations de consentement d’acceptation des deux parties de pensions de jouissance du domicile de droits de visite de où vais-je dormir des seins de MA des lèvres de F des jambes de E attention tu dérapes encore E et F et MA sont-elles des amies ? probablement E oui en tout cas mais dans ton système y a-t-il de la place pour le désir je ne sais pas encore le problème pourrait être que le désir nuise au travail ou qu’avoir envie de faire l’amour avec ruine l’envie de faire avec ? tu te rappelles cette phrase le temps n’est pas quelque chose qu’on a mais quelque chose qu’on prend oui c’est de qui toi ou moi ? je ne sais plus mais ça pourrait très bien être dit sans toi sans moi comme deux et deux quatre quel rapport avec les amis le travail le désir ? le rapport reste à inventer quelque chose comme est-ce que le désir laisse du temps à prendre pour faire avec/corollaire est-ce que le désir pour n’induirait pas la négation de cette in-dépendance nécessaire à l’amitié ? toutes les réponses dans psychologies-magazine en prime un porte-clé françoise dolto un sac à dos jacques salomé un tee-shirt back from vienne un autocollant i love karl gustav en fait/ça te gave un peu le désir ces jours-ci tu aimerais ne plus avoir à.et pourtant c’est chaud le désir c’est douillet on s’y reconnaît on y est comme chez soi connard c’est comme un vieil ami qui vient te rappeler que tu es en vie le désir est un ami ? oui il faudrait le rapport reste à inventer
3.4.09
à l’instant où tu écris tu es persuadé que la phrase le diable est dans les détails existe déjà qu’elle a déjà été écrite prononcée que c’est peut-être même un proverbe ou alors tu confonds avec les dieux aussi sont dans la cuisine ou les dieux sont aussi dans la cuisine avec une préférence marquée pour la première version bon ok alors les dieux [aussi] sont [aussi] dans la cuisine et le diable dans les détails qu’est-ce qu’on fait avec ça/il y a quelques jours j’ai croisé deux personnes que je n’avais pas vues depuis quinze ans ils sont toujours aussi beaux de cette beauté qu’ont les couples dont l’un n’a pas besoin de l’autre pour fonctionner et réciproquement.mais le diable diabolon ce qui est jeté au milieu qui divise intermédiaire obstacle etc etc quel rapport avec les détails/pas envie de faire commentaire de citation ce soir juste envie de trouver cette phrase magnifique comme dans le bouquin de théodor roszak [vérifie l’orthographe paresseux peux pas il est resté dans un carton tout au fond] la conspiration des ténèbres c’est le scintillement de l’image cinématographique l’alternance insaisissable du clair et de l’obscur les zébrures et les hachures que se cache le diable pourquoi pas/ça vient de là l’idée de l’infra-film de l’infra-dialogue dans le post sur morse ? aucunement c’est juste que dans le bouquin de roszak un cinéaste cache un infra-film dans les détails du films explicite et utilise les zébrures hachures pour composer une sorte d’images subliminales waouh la parano/t’as lu le titre/ok on était prévenus/c’est un très chouette bouquin mieux que le suivant/qui s’appelait ? le diable et daniel silbermann je crois vérifie peux pas paresseux il est au fond du carton avec la conspiration en tout cas/c’est le diable voilà cq/fd le crocus t’avait dit un jour c’est incroyable comme vous êtes sensible au détail/singulier ? oui bien sûr le crocus était la classe incarnée quand elle voulait/eh oui capacité de synthèse limitée mais regard loupe ça me rappelle ce que tu avais écrit à charlotte aulin exactement j’aime en vous le sens du détail bizarre ce rapprochement c’était après le crocus ça sonne comme une réminiscence je veux mon neveu tu raconteras un jour tes nuits avec la mage aulin ? non c’est trop intime j’en rougis d’avance non ce serait déplacé mal poli et puis tu as dit qu’il ne fallait pas cafter mais elle n’existe pas justement son nom sera toujours un faux nom donc le vrai alors qu’existant elle aurait tous les noms faux moins un/c’est un détail de cette histoire qui se passait à l’époque où tu disais le net est un miroir difracté où tu disais nous croyons en nos trips où tu disais la seule rencontre que le net puisse jamais permettre c’est celle de l’altérité de soi à soi tu as grandi à présent tu dis le diable est dans les détails et tu fais de jolis ronds sur cette patinoire verbale le bistrot où tu es attablé sent la sauce au vin et ton verre d’eau fait de jolis cercles sur la table circulaire où tu patines rondement sur des détails disqueux/on est à jour j moins combien ? 3 ton sac est prêt ? non je lave mes chaussettes et les fait sécher je ne peux pas les mettre toutes mouillées dans mon sac à dos tout de même et puis c’est la dernière semaine où je peux laver mon linge sale en famille ne l’oublie pas j’en profite à fond je fais durer.cette pause holo-biographique procure l’occasion de préciser que le rythme de production du glob connaîtra quelques irrégularités jusqu’en juillet au moins en tout cas dans sa version numérique sinon le papier va continuer de se noircir comme consumé comme un vieux pochtron mais le négatif du papier qui est l’écran du glob blanc sur fond noir ne suivra probablement pas la cadence faute de matériel à portée de main/à moins de claquer un peu plus de fric encore dans les cybercafés cyber-brasseries cyber-restaurants cyber-salons de thé cyber-bars à vin cyber-rades cyber-estaminets cyber-troquets cyber-pubs cyber-zinc cyber-buvettes cyber-cafétérias cyber-cambuses cyber-cabarets cyber-popines cyber-cafetons cyber-bistrots on doit trouver tout ça aux alentours de bercy oui beaucoup la situation n’est pas désespérée on ne va quand même pas peindre le diable sur la muraille même si avec tout ces avocats comptes frais tu tires un peu le diable par la queue surtout en allant habiter au diable vauvert va falloir comme qui dirait avoir le diable au corps pour tenir le coup 3 mois bah ce n’est pas le diable non plus c’est vrai c’est bien le diable si je ne m’en sors pas ne serait-ce qu’à la diable c’est jouable d’ailleurs mes amis vont faire le diable à quatre tu peux y compter ils vont se démener de tous les diables pour ce pauvre diable que diable et puis merde au diable/tu te souviens de pascal figure porte plaisir et déplaisir absence et présence oui la figure c’est-à-dire le signe en tant que ce qui est placé entre est le lieu de la dualité duplicity le signe c’est le diable l’intermédiaire duel d’ailleurs jacques rousseau [jean-] assimile l’apparition du diable au dédoublement d’un personnage sur un tréteau de théâtre je ne sais plus où mais le texte est saisissant voilà ce qui est entre à savoir le personnage se dédouble et ça fait diable donc peur donc envie voilà ce qui se passe quand on appelle un chat un chat
30.3.09
Guide du Routard (co-rédigé avec S.Y.L.V.)
Où gueuletonner entre potes ? Toutes les adresses dans le Guide du croutard
J’élève mon enfant, nouvelle édition du Guide du moutard
Le scrapbooking en 10 leçons : le Guide du book art
Pour un pénis toujours plus soyeux : le Guide du doux dard
Où tirer un coup après le spectacle ? Vite ! Le Guide du trou tard
Port du tchador : tout sur vos droits dans le Guide du foulard
Où se murger pour pas un rond ? Consultez le Guide du saoulard
Faites la gueule en toute discrétion grâce au Guide du boudoir
Sachez aimer votre destin avec le Guide du tôt ou tard
Faites comme Bertrand Cantat, lisez le Guide du roustard
Assumez votre vulgarité avec le Guide du soudard
je vois aussi parce que le temps a passé une ombre disparue sur la façade des immeubles trottoir de droite rue de rennes maintenant ils prennent tout le soleil et le dernier étage celui avec le long balcon vert bouteille semble plus blanc que les autres car en pleine lumière on distingue les ajouts d’étage pas la même pierre pas la même absorption de l’enduit pas la même réaction à la lumière rasante tu crois qu’on pourrait dater tous les immeubles parisiens grâce à la lumière ? en s’organisant ce serait jouable mais fastidieux commandos lampes torches casques de mineur frontales/pour barbès la bougie pour passy les halogènes pour les abords du bois de vincennes la lampe de poche pour les quais de seine des lampes-tempête pour les champs élysées des lampes à pétrole et pour clichy des lampes de chevet sinon ça va/mais oui mais oui passé le week-end dans les transports en commun bus métro rer ter en fait tu navigues entre ivresses solitaires et transports en commun oui certes mais c’est un anti-chiasme ivresse pris métaphoriquement transport pris au sens propre mais l’expression ne tient que si l’on prend l’un comme l’autre.hein ? non rien assis à la table voisine deux abrutis causent grille de salaire en buvant de la leffe j’ai du mal à m’entendre mille sept cent euros deux mille deux cent euros le tout en net bien sûr statut de fonctionnaire mais c’est pourtant un bel endroit pour regarder la nuit tomber même avec un sourire niais et porcin même avec des préoccupations négotieuses on peut au moins se taire trois minutes pour regarder le bleu-gris-vert du ciel qui s’éclaircit en s’affaissant sur le métro aérien et la tour eiffel illuminée regarder les nuages pleins de relief les merveilleux nuages comme disait l’autre mais non ce qu’il faut dire c’est du mal de christine qui a des cheveux filasses et des cernes sous les yeux et qui n’a pas l’air heureuse alors qu’elle touche plus de mille cinq cent euros par mois en net bien sûr mais moi je pourrais être directeur chez macdo je gagnerais deux mille cinq cent euros en net bien sûr à ne rien faire de la journée mais est-ce que je réussirais ma vie est-ce que j’assouvirais ma soif d’entreprendre/c’est pas beau de cafter mais non je viens de leur demander si ça les gênait que je parle d’eux sur mon glob et alors ? ils m’ont regardé d’un œil globuleux j’ai pris ça comme un bon pour accord vous êtes quoi ? doctorants en économie bonne soirée pas de souci sinon.il y a aussi le parvis de la gare du nord tu aimes imaginer l’intérieur des grands hôtels décrépits terminus nord new hotel richmond apollo les ambiances feutrées les odeurs de renfermé de poussière les murs sombres moquettés les bruits de pas et d’ascenseurs les relents de tabac froid qui vaincront à jamais toute loi anti-fumage intra muros tant qu’il y a de la moquette il y a de l’espoir oh my god OMG/comme OSEF on s’en fout/cet endroit est tellement laid qu’il en deviendrait attachant la pluie teintée de soleil arriverait presque quasiment à rendre pas loin d’à peu près vivante la façade de l’hôtel mercure dont tous les étages datent de la même année tu as vérifié oui à la lumière de la flamme de mon zippo ce fut long et coûteux ayant pas mal/oscillé entre la gare du nord et guy moquet durant ma post-adolescence je suis toujours assez fan des odeurs de frites des ambiances interlopes tu aimes ce mot ? oui des à peu près des gouailles obscènes des dragues mal rasées et grises des rades itou des déambulatoires tapinesques des silhouettes de putes de trav qui surgissent de l’ombre derrière la porte vitrée d’un ex hôtel devenu lieu de pas sage ouais tu nous fais carné prévert nan nan nan y a de nos jours davantage de wesh cousin que de ça boule ma couille mais ça n’a guère changé/bon c’est un post touristique sur paris que tu nous dégoises céans non/je parle de ce que je vois or tu ne crois quand même pas que j’ai passé la nuit à la terrasse du saint malo à regarder l’échancrure de la rue de rennes en pensant à la fraîcheur des lèvres de F ? non bien sûr j’ai passé une partie de la nuit devant l’église de la ville de moyenne importance l’église est située à l’écart du centre sur un promontoire elle domine la région au loin on aperçoit les amas cubiques de la ville de grosse importance l’église est positionnée de telle manière qu’elle bénéficie des rayons du soleil couchant en premier qui orangent ses pierres de façade tu l’as datée ? non j’avais oublié mon zippo de toute façon il était vide françois couperin a dédié une de ses musettes à la ville de moyenne importance une musique qui pourrait ne jamais s’arrêter pourtant c’est quoi une musette c’est une petite musique de sac un bourdon une mélodie vaguement modale une imitation de la cornemuse corne=tuyeau muse=sac plus fini que ça y a pas et pourtant ça pourrait durer toute la nuit devant l’église orangée face aux cubes amassés de la mégalopole provinciale toutes les nuits plus une wesh sérieux/tu nous fais le guide du routard de paris et ses environs ? ah tiens en parlant de guide du routard
26.3.09
Ecriveur blet écriture et lecture blanches degré zéro de l’écriture ça c’était du concept mon gars ça/c’était le bon du temps du temps où on attaquait la littérature à l’acide structurique où le moindre morceau annonciateur d’intrigue se disloquait rongé éclaté le temps où l’histoire la psychologie des personnages la biographie de l’écriveur étaient renvoyés à leur poubelle respective on en revenait sec et chauve fallait écrire autre écrire intransitif écrire la semiosis aligner du signe pour dessiner des sens infinis dé-signer/c’est pour ça que la question de l’argent du système monétaire de l’organe économique devenait cruciale qu’est-ce que l’argent si ce n’est un corpus infini de signifiants billets chèques pièces actions dénués de toute valeur en eux-mêmes et dont l’équivalent en or réel n’existe que potentiellement car un milliard c’est toujours potentiel ça existe au mieux en tant que mot et chiffres sur le chèque qu’on te tend ou que zéros après le un dans la colonne crédit de ton compte ce n’est rien ça n’est qu’objet de croyance de crédit on y croit bien fort croyez et multipliez mais donc l’argent aussi ne sert qu’à dé-signer et du coup rend pas mal de choses insignifiantes.wesh cousin l’argent pourrit les gens man/et d’ailleurs peut-on écrire quand on se soucie d’argent non ça fait conflit d’intérêt conflit d’interprétations conflit d’herméneutiques non il faut être vieux nabab ou vivre comme diogène dans un cas comme dans l’autre cultiver une indifférence dédaigneuse par rapport à ces questions de fric otium negotium l’activité lucrative n’est que la négation de l’otium cum libris t’as pas l’impression de réciter un cours là ? si par contre j’ai remarqué comme tout le monde que lorsqu’un écriveur est reçu par la télé pour y parler d’un livre où il est question d’UNE mère le journaleux ou le présentatif l’interroge sur SA mère voire sur sa MAMAN/oui on sait ça mais c’est en train de gagner du terrain à travers l’extension de la télé que constitue le social exemple votre maman elle vit encore ? réponse : oui c’est clair pas de souci mais la question est-elle celle d’une écriture visant tous les sens possibles plus un donc une infinité de sens ou bien dont chaque sens en nombre fini désignerait l’infini ce charabia me fait penser/c’est déjà ça/me fait penser que/dommage/me fait penser que tu as émis un éloge de buzzati comme clôture oui et ? ben c’est contradictoire non car c’est/parce qu’on dort qu’on rêve parce qu’on se finit à fond qu’on produit de l’infini et encore il faudrait déterminer en quelle mesure le rêve peut être décrit comme produit/c’est trop la honte qu’aucun mathématicien n’ait modélisé équationnellement le schéma de ce qu’on appelle une histoire finie en général une histoire qui semble finie bouclée peut se comprendre de plusieurs plus une manières.par exemple ? par exemple la vie est belle de capra si le héros est bien toujours vivant à la fin c’est un film déprimant d’optimisme si au contraire il n’est pas sauvé lors de son suicide alors la fin devient une vision cette dernière pouvant se voir soit comme une hallucination pre mortem sorte de near death experience soit comme une vision post mortem correspondant ou bien aux fantasmes conclusifs de rachat et autres produits par le personnage ou bien à la vie après la vie où tout le monde en fin de compte réalise dans l’infini la niaiserie contenue en chaque finitude etc etc pourtant ce film est vraiment bouclé plus c’est bouclé plus c’est infini comme buzzati cq/fd t’auras jamais ton deug ta licence ton master ton dea ton capes ton agreg parce que tu cherches à démontrer des thèses générales par des cas particuliers des exemples oui c’est le performatif de la thèse d’aujourd’hui et puis c’est toi qui m’a demandé un exemple/prise de tête.tu ne veux pas plutôt parler de ce que tu vois à l’instant même alors à l’instant même je vois l’échancrure de la rue de rennes des ombres en haut des immeubles un avocat déjà aperçu à la télé avec une stagiaire du patin à glace sur écran grand format la tronche bièreuse d’un client au comptoir du saint malo les lèvres de F dont j’ai eu envie d’embrasser la fraîcheur tout à l’heure elle est à paris avec toi ? non mais tu m’as demandé ce que je vois je te réponds je vois aussi la tête du mideulouane qui m’a réclamé hier soir des additions en colonne à effectuer histoire d’aligner de structurer de mettre de l’ordre de compter les retenues dans ce monumental mismatch parental qui lui tient lieu de référent familial depuis trois mois je vois la tête du liteulouane qui veut imiter le mideulouane et qui compte dip once douce treche castor je vois la tête du bigouane parlant de kant dans le métro/ouais mais ce que tu vois vraiment pas ce que tu imagines pas ce que tu te rappelles en images pas ce que tu fantasmes bon du calme.je vois les allées et venues devant un cinéma qui joue un chat un chat et duplicity deux films que j’aimerais bien aller reluquer avec du temps et de l’argent/un chat un chat duplicity ? oui comme par hasard ? oui duplicité c’est kif kif que simplicité question étymologie c’est une histoire de plis t’as déjà cité deleuze dans autolyse # 1 oui pardon simplex un seul pli duplex deux plis ou plus ou plusieurs ou plusieurs plus un c’est bien/dans le pli que deleuze cite la monade sans porte ni fenêtre à ce point close qu’elle contient tout ? ouais possible en tout cas c’est la différence entre la torsion de moebius et le pli de leibnitz ok c’est clair pas de souci ça fait pas un pli c’est plié
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